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2 juin 2015

On est sauvé (partie 1/2)

C'est fait. Nous y sommes enfin, mathématiquement sauvés d'une relégation qui, soyons honnêtes, nous tendait carrément les bras. Les clubs voisins, nos pires contradicteurs et nos meilleurs ennemis -- de bonne guerre --, nous avaient déjà condamnés.

Le mieux dans tout ça, jouissance autoproclamée, onanisme total, joie frivole, c'est que nous y sommes parvenus sans l'aide de quiconque. Sans avoir à regarder le Totomat, encore moins à s'accrocher aux performances d'autrui. Nous y sommes parvenus à force de travail, la volonté intacte, le pouvoir hédoniste de refuser de s'insérer dans la catégorie des "losers". Oui, la relégation renvoie aux abysses sportifs, ceux que tout compétiteur abhorre et rechigne à avouer: l'échec. Une honte interne. Celle qu'on se rappelle toute sa vie. Être relégué sonne comme le tocsin des trames inavouables.

La Une a refusé de s'insérer dans la catégorie des "losers"

Au mitan du mois de novembre, pourtant, nous n'avions que 9 (petits) points. Neuf. Soit rien du tout, un océan de néant dans un sport où seuls les points comptent, ou chaque goutte (match nul) devient gouille (victoire), qui se transforme alors en bouée de sauvetage d'avant naufrage.

Et puis vint le mois de mars, et la confrontation décisive face à Bottens. Victoire 2-1, et le début d'une accumulation de satisfactions: dynamique, entrain, croyance et espoir. Autant de positivité qui fuyait tout au long du premier tout. Résultat provisoire avant la dernière journée: 22 points au second tour.

Mais alors, qu'est-ce qui a bien pu donner le tour, pour le FCC?

Christian Mischler était modeste: "moi j'y suis pour pas grand-chose, ce sont les joueurs qui courent sur le terrain. Ceux qui ne viennent pas aux entraînements ont intérêt à assumer lorsqu'ils jouent, voilà tout". Donc responsabiliser ses joueurs.

Les joueurs justement, quelques-uns ont été géniaux, la fabuleuse évolution de remplaçant à titulaire indiscutable, la face tutélaire du sport collectif.

Mais alors, qu'est-ce qui a bien pu donner le tour, pour le FCC?

D’abord, Matteo Berti. Remplaçant jusqu'au match de Malley (4e ronde), il a su attendre son heure. Depuis ladite victoire, il n'a plus rien donné, ni à ses adversaires directs, ni à quiconque de l'effectif l'honneur de ne serait-ce qu'oser lui concurrencer sa place. Matteo a été grand, muraille, forteresse; il est encore jeune mais a déjà beaucoup grandi au FCC, et continuera de le faire, surtout en restant discipliné et acharné aux entraînements.

Ensuite, Brice Balla-Zambo. Lui fut confiné au banc des semaines durant, pas la moindre minute de jeu ou presque, avant de profiter des blessures et absences. On appelle cela être opportuniste. Depuis la défaite (cruelle) à Benfica le 26 avril dernier, il est métronome, dirigeant, patron, Tchou-Tchou marche sur l'eau en même temps que l'équipe marche vers l'avant. Le bougre se met même à enfiler les buts à l'entraînement...

Et puis, of course, La Une a pu compter sur ses tauliers: Simon Schmidli, Steven Bonzon, Olivier Glauser et l'inusable Roi Bencivenga; autant de méritants au titre de "Player Of The Year". Non seulement des joueurs beaux; mais des hommes meneurs, tireurs d'épave, déplaceur d'impossible. La colonne vertébrale et cérébrale d'une équipe qui refusait le déclin.

Matteo Berti, Brice Balla-Zambo.  Et puis les tauliers.

Enfin voire surtout, le collectif a pris du service. Dimanche dernier face à Bursins, Champvent jouait sans trois joueurs qui avaient inscrit 35 des 48 buts de l'équipe (73%). Le Roi Bencivenga (23 pions) était suspendu, idem pour le Centaure Galati (6 buts) tandis que Clement (6 buts) était blessé. Au coup d'envoi, seuls Fressineau, Virgolin, Laribi et Schmidli avaient marqué un but de toute la saison, soit quatre buts cumulés au coup d'envoi... C'est bien dans les grands chantiers que l'on trouve les meilleurs maçons, et Alex Tille -- un triplé la veille pour La Deux! -- ouvrait le score (11e), avant que Fouad Rameche -- qui revenait quasiment de deux ans de blessure -- ne clôture toutes les alternatives (77e): le match pour commencer, avant de ponctionner le billet pour une nouvelle saison de 2e ligue la saison prochaine. Un jeune espoir qui ouvre le score; une légende qui clôt les débats, ou la saison du club retranscrite par deux buts et deux personnalités. Les uns ont ainsi compensé les absences des autres.

Ce sont aussi dans les grands chantiers que l'on reconnaît les grandes camaraderies. Depuis quelques saisons, le FCC avait eu coutume de réussir tout, tout le temps et sur tous les fronts: Finales de Promotion en 2e Inter deux ans de suite (2012 et 2013); promotion de La Deux en 3e ligue; vainqueur de la Coupe vaudoise en 2010. Donc cette habitude de la gagne, addiction suprême, toujours voir le haut, de gaieté de cœur, l'allégresse de marcher sur l'eau.

Jouer contre la relégation, après tant de succès passés, amène d'autres vertus.

Mais ce fut avant les déboires de cette saison. Corollaire: par la force des choses on apprend d'autres vertus, celles du sacrifice, de la camaraderie, de l'osmose et du don de soi. Celle de savoir lutter. De s'arracher. De se faire mal. De cravacher. De se battre. Donc de tordre le cou aux satanés a priori.

Un cri de victoire qu'on n'attend pas vaut toutes les victoires du monde. A Aigle, nous étions condamnés à la punition. Et puis la victoire vint, un Hasta Siempre ravageur. Comme à la Pontaise sous d'autres temps.

La célébration prend alors une toute autre tournure. Ce n'est plus une joie logique, mais un soulagement. On étreint son pote, le cœur chaud, l'embrassant sincère, ce n'est plus le "ouf, pourquoi ne s'est-on pas mis à l'abri plus vite?" des équipes habituées au haut. Ça devient un "nom de Dieu qu'elle est belle celle-là" des équipes qui laissent tout sur la pelouse. On sent une chaleur qui fait trait d'union, on embrasse son pote, on le bécote sur un crâne transpirant, on savoure une rimolette le sourire qui déborde; qu'est-ce que c'est bon, qu'est-ce que c'est jouissif. Les joies du sport collectif.

Relégable... Étions-nous à notre place? Peut-être. En attendant, nous n'y sommes plus du tout. Mieux, on peut passer devant nos rivaux d'Orbe, pour peu qu'on gagne à Assens.

Ce texte s'intitule "On est sauvé (partie 1/2)".

La seconde partie viendra la semaine prochaine, lorsque La Deux aura assuré son maintien à son tour.

HASTA SIEMPRE. Vive le FC Champvent.


Fouad Rameche, de retour après deux ans de blessure.  2-0 pour Champvent

Brice Balla-Zambo a su attendre son heure.

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